Interview du
23 juin 2003
Propos
recueillis par Maryline Richer
Quand on rencontre
Dominique Guillo, on remarque
son sourire, sa spontanéité, son dynamisme... à l'opposé des personnages souvent négatifs, parfois odieux,
auxquels le petit écran nous a habitués. Sur
le tournage de "La Crim", chacun est en place et depuis quelques mois,
Dominique dirige tout ce petit monde. Avec passion et fermeté, l'acteur réalise
un film mais aussi un rêve. Son goût pour la comédie reste cependant intact.
C'est à l'âge de 13 ans que
le déclic s'est produit. Cours de comédie, conservatoire, théâtre, parcours
classique jusqu'en 1993 où la télévision lui ouvre ses portes. Dès son premier
jour de tournage, son goût pour l'image lui
donne envie d'aller
plus loin.
Remarqué dans "Le rêve
d'Esther", révélé dans "Les Moissons de l'Océan", les rôles s'enchaînent... Puis
en 1999, une nouvelle série policière fait son apparition sur France 2. Une
nouvelle aventure commence, celle de "La Crim".
Quatre années de succès et les enquêtes continuent... C'est dans un
somptueux décor de
la banlieue parisienne que se déroule le tournage de quelques scènes du 50ème épisode.
Sur le lieu du crime, l'équipe est au grand complet.
Le moment est venu
de
retrouver l'acteur-réalisateur, mais aussi et surtout un garçon d'une sensibilité rare... De l'émotion, beaucoup d'émotions !
Comment s'est manifesté le désir de comédien ?
- A 13 ans, j'ai eu un déclic.
Je prenais des cours de théâtre au collège. Ensuite, je suis entré au
Conservatoire de Nice, sur dispense, vu mon jeune âge. A 16 ans, j'obtenais le
prix du conservatoire. Ensuite, je dois un grand merci à mes parents qui sont
vraiment des gens exceptionnels. Ils m'ont soutenu à fond et m'ont permis de venir
à Paris. J'ai suivi les cours de Jean-Laurent Cochet qui
était un professeur très sévère, à qui je dois beaucoup, et ensuite, je suis entré aux cours Florent dans la classe libre de Francis Huster.
Pendant dix ans, j'ai fait du théâtre, mais peu de gens s'en souviennent. Les
gens sont toujours marqués par les choses les plus récentes. Pourtant, j'aimerais
beaucoup en refaire. J'ai eu l'occasion de jouer tous les classiques : "Le
Misanthrope", "Britanicus", "L'Avare" et tant d'autres. J'ai ainsi pris goût aux textes.
C'est pourquoi, sur "La Crim" comme sur n'importe quel film, j'attache
toujours beaucoup d'importance à l'écriture et aux dialogues.
En 1998, il y a eu
"Mégalopolis". Est-ce un bon souvenir ?
- Oui, jouer dans une comédie
musicale était aussi un rêve. J'aurais adoré être chanteur et quand on m'a
proposé le rôle principal de "Mégalopolis", c'était l'occasion ou jamais. Le jour de la première
reste un merveilleux souvenir. Le plus beau jour de ma vie
!
Autre expérience à présent, celle de réalisateur ?
- Oui, Jean-Pierre Ramsay, le
producteur de "La Crim" m'a fait confiance. C'est vraiment une super expérience.
J'ai toujours été intéressé par le côté technique. Je me souviens de mon premier
tournage. Je posais plein de questions. J'avais déjà envie de passer derrière la
caméra. Maintenant que j'y suis, c'est vraiment magique ! En fait, c'est le
réalisateur qui fabrique le film et non l'acteur. J'en suis à présent convaincu.
Ca ne veut pas dire que j'abandonnerais mon métier de comédien. Non, je suis
acteur avant tout ! Mais j'adore les belles histoires et j'aimerais, dans un
avenir proche, pouvoir réaliser un film. Les films pour le Cinéma sont assez
difficiles à monter mais à la manière d'un long-métrage, j'espère au moins pouvoir réaliser un bon téléfilm.
N'est-ce pas une difficulté de réaliser
les épisodes d'une
série déjà formatée ?
- Effectivement, il y a un fil rouge obligatoire
et sur "La Crim", de très bons metteurs en scène sont passés avant moi. Mais on m'a laissé malgré tout une
grande liberté. J'ai pu apporter des choses, notamment un côté plus cinématographique. J'ai
surtout voulu mettre l'accent sur les sentiments, les douleurs, les faiblesses
des personnages ainsi que la tendresse qui, a mon goût, manquait un peu à "La Crim". Tout en respectant les codes de la série, le réalisateur a toujours la
possibilité de bouger des choses et de rajouter sa touche personnelle. Ce qui
rend le travail passionnant et très motivant. J'en profite pour m'adresser à notre ami Bruno Wolkowitch. J'ai lu
son
interview et ses arguments en ce qui
concerne la réalisation de séries. Je ne suis pas de son avis. Alors, par
le biais de "citeartistes", message perso : Bruno, vas-y ! C'est une expérience
formidable... et sache
que tu as beaucoup de chance d'avoir 11 jours pour "PJ". A "La Crim",
nous n'avons que 8 jours pour tourner un épisode !!!
Est-ce difficile de concilier le travail
d'acteur et celui de réalisateur ?
- Ce n'est pas simple. "La Crim"
demande une parfaite connaissance technique. Nous filmons avec deux caméras
toujours en mouvement. Je prépare tout la veille, en découpant chaque séquence,
et quand j'arrive sur le tournage le matin, j'ai déjà toutes les idées en tête.
Ce n'est pas évident de se concentrer à la fois sur le film et sur le rôle. La
raison pour laquelle, durant toute cette saison, je ne joue que deux scènes par
épisode. Les scénaristes se sont arrangés pour que mon personnage prenne une
disponibilité. Sisko a donc momentanément quitté "La Crim" pour travailler dans la restauration
avec sa femme. Je tiens à préciser qu'à la
rentrée, je cède ma place de réalisateur pour reprendre mon travail d'acteur.
Ainsi, Sisko sera de retour à "La Crim" à plein temps.
C'est un personnage
intéressant ?
- Oui, je l'aime bien. Sisko
est quelqu'un que je pourrais avoir comme ami. Avant "La Crim", j'avais refusé plusieurs
personnages récurrents dans des séries et Miguel Courtois, réalisateur des
premières saisons, a mis deux mois
à me convaincre. Jean-François Garreaud et moi, avions déjà tourné avec lui dans
"La Spirale" en 1998. J'étais ravi qu'on retravaille ensemble. Je ne
voulais être ni un rôle principal, ni un "mulet". Dans "La Crim",
nous sommes 6 rôles principaux. Il n'y a pas de star. Ce concept m'a plutôt
rassuré. En lisant la bible de la série, j'ai tout de suite aimé ce personnage,
son histoire d'orphelin, immigré russe, sa sensibilité, sa fragilité, son
infantilisme... Des sentiments que je prends beaucoup de plaisir à défendre.
Les personnages odieux sont-ils
aussi excitants à jouer ?
- Oui, j'adore jouer les
méchants. Ca m'amuse beaucoup. J'ai, entre autres, un très bon souvenir de mon
personnage de Marc dans "Louis la Brocante", rediffusé récemment. On me propose
surtout ce genre de rôles depuis "Les Moissons de l'Océan", superbe série
réalisée par François Luciani avec Olivier Sitruk. Nous étions deux frères, lui
le gentil et moi le méchant. Dans ce film, j'étais même carrément odieux et il y a un
passage qui m'a particulièrement marqué, où en une seule scène, j'explique les
vraies raisons de cette méchanceté. J'aime tous les rôles qui expriment la
douleur. D'ailleurs, dans tous les films que j'ai tournés, il y a au moins une scène où je pleure. J'adore ça. Hélas, la douleur ne se
lit pas sur mon visage. Je dégage quelque chose de positif et je pense que ça
m'a plutôt désavantagé surtout au Cinéma.
Quelles sont les rencontres les
plus importantes depuis le début ?
- Nelly Kafsky a été la
première rencontre importante. Elle était productrice de mon premier tournage.
Elle a immédiatement crû en moi et c'est elle qui m'a engagé. Parmi les
réalisateurs, je citerais bien sûr François Luciani, le réalisateur des
"Moissons de l'Océan" et aussi Jacques Otmezguine avec qui j'ai tourné plusieurs
films dont "Le Rêve d'Esther", "Elle à l'âge de ma fille"... et aussi un film
pour le Cinéma "Bruits d'amour" pour lequel j'ai reçu le grand prix
d'interprétation au festival du jeune comédien en 1998. Enfin, si je ne devais
citer que deux personnes, ce serait celles qui pour moi, ont le plus de mérite,
c'est-à-dire mes parents. Je les aime par-dessus tout. Tout ce que
je fais, je le fais en pensant à eux, et ma réussite n'est que le cadeau que je leur dois.
Un très beau cadeau, en
effet ! Merci Dominique... et rendez-vous à la rentrée pour de nouvelles
aventures de "La Crim" et certainement d'autres news !
Bonne nouvelle pour tous les
fans puisque des rediffusions de "La Crim" sont prévues à partir du 4 juillet.
Propos recueillis par MARYLINE
RICHER
Interview du 23 juin 2003 pour
www.citeartistes.com
(REPRODUCTION
INTERDITE)

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