Comment vous est venue
l'envie de devenir comédien ?
- J'ai commencé à faire du
théâtre à l'école, en classe de sixième. Ensuite, avec des amis, nous avons
monté une petite troupe amateur. Nous participions à des festivals et nous
organisions nous-mêmes nos tournées.
Vous étiez passionné par la
comédie, pourtant... Vous avez fait de hautes études de commerce. Comment
avez-vous réussi à faire le choix ?
- Jusque là, la comédie était
une passion, mais pas un métier. Parallèlement à HEC, je continuais le théâtre. Je m'étais
inscrit au Conservatoire de Versailles où j'avais pour
professeur Marcelle Tassencourt qui a dirigé pendant 30 ans le théâtre
Montansier. C'est à cette époque que s'est produit le déclic. J'ai réalisé que
je voulais devenir comédien. J'ai arrêté HEC au bout de deux ans. J'ai réussi le
concours du Conservatoire d'art dramatique de Paris où je
suis resté 3 ans et où j'ai beaucoup appris auprès de grands professeurs comme
Pierre Vial, Pierre Debauche et Claude Régy. Le Conservatoire est une école
formidable. J'y ai croisé toute une génération d'acteurs : Christophe Lambert,
Jean-Hugues Anglade, Robin Renucci... et j'y ai également rencontré beaucoup de
metteurs en scène.
Pouvez-vous nous parler de
votre premier rôle en tant que comédien professionnel ?
- C'était une pièce qui
s'intitulait "Les Vacances" de Jean-Claude Grumberg, mise en scène par
Jean-Pierre Miquel, quelqu'un de formidable, malheureusement décédé récemment.
Il était à l'époque administrateur du théâtre français. Je
l'avais eu comme professeur au Conservatoire et c'est lui qui m'avait engagé
pour le rôle. Nous avons joué la pièce pendant deux mois à Reims. C'est un très
bon souvenir.
De tous vos rôles, avez-vous
des préférences ?
- "Cordier" est une série très
populaire qui a énormément d'impact. Ce rôle du "Juge Cordier" a été très
important pour moi. Mais j'adore le théâtre et parmi mes rôles préférés, je
tiens également à citer "La Place Royale" de Corneille en 1984 et 1985, avec Isabelle Janier, Maxime Leroux et Olivier Saladin. Mon personnage "Alidor",
était
persuadé des lassitudes de l'amour, préférant quitter celle qu'il aime,
Angélique, et allant jusqu'à la reconquérir par amitié pour son meilleur copain
qui en était tombé amoureux à son tour, mais la voyait promise à un 3ème
prétendant. Pendant deux ans, en semaine, nous jouions cette pièce en alternance
avec deux autres pièces de
Corneille : "Mélite" et "La Galerie du Palais". Le samedi,
nous enchaînions les 3 pièces. Le spectacle durait alors 6 heures. C'était une
expérience étonnante.
Vous semblez vraiment passionné par
le théâtre ?
- Oui, c'est la base du métier.
Aimeriez-vous en refaire ?
- Oui, d'ailleurs j'ai un
projet pour la rentrée et j'espère avoir l'occasion de vous en reparler très
vite !
Revenons à la série
"Cordier, juge et flic"... Pierre Mondy a pris récemment la décision d'arrêter. Depuis, on entend parler d' une suite et notamment de
l'arrivée d'une femme commissaire dont vous tomberiez amoureux. Mais qu'en est-il exactement de ce
projet ?
- Je l'avais annoncé à la
presse en tant que "projet". Certains journaux ont un peu précipité les
choses... Mais finalement, ce projet ne se réalisera pas.
La belle aventure des
"Cordier" va donc s'arrêter définitivement. Qu'en pensez-vous ?
- Nous tournions 6 épisodes par
an. Vu le rythme de rediffusion pratiqué par la chaîne, les derniers
épisodes en tournage actuellement ne seront pas diffusés avant 2006. Pour les
téléspectateurs, la série a donc encore 3 ans à "vivre". En ce qui me concerne,
j'ai été ravi de participer à cette formidable aventure pendant dix ans,
mais il faut savoir tourner la page. L'intérêt du métier de comédien est avant
tout de diversifier les rôles. Le moment est venu de passer à autre chose !!!
Pensez-vous que le fait de
jouer dans "Cordier" vous a bloqué d'autres projets ?
- Certainement. En me voyant
dans "Cordier", les gens avaient trop souvent tendance à penser que j'étais
indisponible. Les propositions se faisaient donc plus rares.
Et si on vous proposait un
nouveau personnage récurrent, accepteriez-vous ?
- Si le projet est intéressant,
oui !
On vous retrouvera cet été
dans la grande saga de TF1 "Le Bleu de l'Océan" où vous tenez l'un des rôles
principaux. Est-ce la première fois qu'on vous propose de jouer dans ce genre de
série ?
- J'avais déjà eu une
proposition pour jouer dans "Tramontane". Mais j'avais d'autres engagements
à l'époque et
j'ai été obligé d'y renoncer. J'ai également joué dans des séries comme "Les
Alsaciens" de Michel Favart et "Les Marmottes" de Jean-Denis Robert avec
Daniel Gélin, Jean-Pierre Bouvier, Marie-José Nat...
Que pensez vous du succès de
ces grandes séries romanesques ?
- Elles ont un impact
incroyable. De belles expériences... De bons souvenirs !
Pouvez-vous nous parler de
votre rôle dans "Le Bleu de l'Océan" ?
- Paul Delcourt est un
personnage en demi-teinte qui porte des secrets douloureux. Sa mère est morte
quand il avait 9 ans et il a été élevé par Charles Delcourt (Bernard Verley), un
père très autoritaire dont il est toujours sous l'emprise et avec qui il dirige
les plus grosses pêcheries locales. Veuf, il élève sa fille, Julie (Louise
Monot)... Cette série est pleine de rebondissements et j'ai pris beaucoup de
plaisir à jouer ce personnage, notamment certaines scènes riches en émotions avec Bernard Verley et Alexandra Vandernoot qui joue ma soeur dans la série.
On vous voit beaucoup à la
télévision. Est-ce un obstacle pour le Cinéma ?
- Oui, hélas ! La télévision
est incontournable et les acteurs de Cinéma y viennent de plus en plus. En
revanche, les "acteurs télé" rencontrent un véritable obstacle face au Cinéma.
C'est une forme de snobisme. Je trouve cela assez injuste car les conditions de
tournage pour la télévision ne sont pas aussi favorables et il
faut être capable de travailler vite et bien. Aux Etats-Unis, ce barrage
n'existe pas. Les français ont tendance à oublier que Georges Clooney, Will
Smith, Johnny Depp et tant d'autres ont débuté dans des séries.
Il y a un autre film que
vous avez tourné l'année dernière et qui vous tient à coeur "Mortes de
préférence"... Pouvez-vous en parler ?
- C'est un thriller avec Anne
Caillon, Lisa Martino et également Arnaud Binard qui a reçu pour ce film, le
prix de la révélation de l'année lors du dernier festival de fiction de
St-Tropez. Ce téléfilm en deux parties devrait être diffusé sur TF1 cette année.
J'y joue un personnage à l'opposé du Juge Cordier ! Surprise...
Avez-vous une préférence
pour les personnages qui vous ressemblent ou plutôt pour les rôles de
composition ?
- Non, je n'ai pas de
préférence car dans chaque rôle, il y a une part de soi-même et une part
d'interprétation.
Que pensez-vous de la
télé-réalité ?
- C'est un phénomène
incontestable. Si ça peut aider à découvrir de jeunes talents, pourquoi pas ? Star Académy se distingue des autres émissions de télé-réalité.
On a vu des jeunes interpréter des duos avec des stars. Pour eux, c'est un vrai
coup de projecteur et pour le téléspectateur, ça vaut une bonne émission de
variétés. Mais c'est un peu le miroir aux alouettes ! Quelques-uns réussissent,
mais les autres ??? Une chose me choque : J'ai l'impression que les
participants sont davantage attirés par le succès que par le métier. Cette
médiatisation est un vrai problème. Nous en avons eu un exemple sur "Le Bleu
de l'Océan". Jean-Pascal a tourné seulement 3 jours sur 110. La presse
s'est empressée d'en parler... Ses admiratrices vont certainement être déçues de
le voir si peu.
Seriez-vous tenté par
l'écriture ?
- Je viens d'écrire un synopsis
"La Vie à l'envers".
Avez-vous d'autres projets ?
- Jusqu'en juin, je tourne de
nouveaux épisodes de "Cordier"... Ensuite, la pièce de théâtre prévue à la rentrée
et
également d'autres projets dans l'air... Je vous en reparlerai en temps et en
heure.
Merci Bruno. Vous serez
toujours le bienvenu... A très bientôt !
Propos recueillis par MARYLINE
RICHER
Interview du 6 mars 2003 pour
www.citeartistes.com