Interview
du 29 avril 2002
Propos
recueillis par Maryline Richer
Encouragé par sa mère qui avait
été comédienne chez Louis Jouvet avant la guerre, puis conseillé par Madame Robin sa prof d'art
dramatique, Patrick Fierry a commencé à jouer la comédie dès l'âge de 13 ans.
C'était au "Grenier de Taverny" où à l'époque Madame Robin lui disait "Si à 25
ans, il ne se passe rien, tu arrêtes !"... Mais heureusement, Patrick n'a pas eu
à attendre jusque là pour savoir qu'il serait comédien. Très jeune, il débute au
Théâtre puis joue dans "Le petit Marcel" avec Isabelle Huppert, "L'alpagueur"
aux côtés de Belmondo, "La communion solennelle" et tant
d'autres films... Pourtant, il a une
autre passion : la musique ! Un album et trois ans de tournées l'éloignent des
plateaux de Cinéma mais l'envie de
jouer la comédie est plus forte que tout. En 1985, lorsque Jacques Demy lui
propose de jouer dans "Parking" il met de côté sa carrière de chanteur
et de nouveau, il enchaîne les films. Comme de nombreux comédiens, depuis quelques années,
il tourne beaucoup pour la télévision. Mais le héros de "Groupe
flag" aime son métier pour la diversité et
ne veut en aucun cas devenir un acteur récurrent. En attendant de rejouer au Cinéma ou au
Théâtre, il a pris beaucoup de
plaisir à tourner pour France 3, sous la direction de Christian François "Les sarments de la
révolte".
A quel moment vous est venue
l'envie de devenir comédien ?
- J'avais 13 ans et c'est à cette
époque que je me suis inscrit dans un cours d'art dramatique qui s'appelait "le
Grenier de Taverny".
Et ensuite, vous avez continué
à prendre des cours ?
- Oui, un peu plus tard, je suis
entré au cours Balachova... où j'ai croisé Gérard Depardieu, Josiane Balasko...
C'était en 1972. J'ai également passé six mois au conservatoire de la rue
Blanche, mais je ne suis pas resté, car entre temps, j'ai passé le concours
d'entrée au Théâtre Renaud-Barrault. J'ai eu le prix et j'ai été engagé. J'ai
donc arrêté les cours.
Pendant toutes ces années de
cours, avez-vous beaucoup appris ?
- Oui. Je ne sais pas si j'étais
assez mâture pour retenir tout ce qu'on nous apprenait mais c'était tout de même
assez formidable.
A votre avis, les cours
sont-ils indispensables pour devenir comédien ?
- Il y a des gens qui n'ont
jamais pris de cours et qui sont merveilleux, au Cinéma... Mais par contre au
Théâtre, il y a tout de même des bases à connaître.
Votre mère ayant été elle-même
comédienne, vous a t-elle un peu influencé ?
- Non, pas du tout ! Elle était
ravie de me voir jouer la comédie mais elle ne m'a jamais poussé à le faire.
C'était mon propre choix et je n'ai subi aucune influence.
Quel a été votre premier rôle
?
- Au Théâtre, c'était dans
"Harold et Maude", à l'époque où j'étais dans la Compagnie Renaud-Barrault. Ensuite,
j'ai débuté au Cinéma, en 1975 dans "Le petit Marcel" aux côtés
d'Isabelle Huppert et Yves Robert puis j'ai enchaîné plusieurs films
"L'alpagueur" de Philippe Labro avec Jean-Paul Belmondo et Bruno
Cremer, "La communion solennelle" en 1976 avec Nathalie Baye, "Dernière sortie avant
Roissy" en 1977...
Votre carrière
cinématographique était très bien partie. Pourquoi y a t-il eu un break ?
- J'avais l'impression que je
n'étais pas encore prêt contrairement à des gens de mon âge comme Christophe
Malavoy que j'avais connu au Conservatoire de la rue Blanche et qui avait déjà
une certaine maturité. Moi, j'avais besoin de faire plein d'autres choses...
C'est à cette époque que vous
avez sorti votre album ?
- Oui. J'écrivais des chansons
dans mon coin et on m'a alors proposé de faire un album. J'ai
donc sorti cet album avec les musiciens de Bernard Lavilliers. Pendant 3 ans,
j'ai vécu à fond dans la musique entre la promo du disque et des tournées aux
quatre coins de France avec Jacques
Higelin, Léo Ferré, etc...
Pourquoi avez-vous arrêté de
chanter ?
- J'avais rencontré Jacques Demy
et c'est lui qui m'a fait revenir au Cinéma. En fait, je réagis toujours un peu
comme ça... Chaque fois qu'on me propose des choses et que l'idée me plait, je
ne me pose pas de questions et je fonce...
Vous avez également beaucoup
travaillé en Angleterre. Comment ça s'est passé ?
- Là encore, j'ai suivi mon
instinct. Sur un film, j'avais rencontré Edward Fox, un acteur anglais que
j'admire énormément. A la fin du tournage, il m'a proposé le premier rôle dans
une pièce qu'il montait à Londres "Another love story". Je n'ai pas voulu rater
cette opportunité et j'ai accepté. C'était extraordinaire et j'ai enchaîné sur
des films anglais.
Depuis quelques années, on
vous voit beaucoup dans des téléfilms ou séries : il y a eu notamment "Sandra,
princesse rebelle", "Tramontane" et puis récemment "Groupe flag". Est-ce que le
Cinéma vous manque ?
- Oui, évidemment... J'étais
tellement habitué à tourner des longs-métrages.
Vous avez pourtant joué de
très jolis rôles pour la télé...
- Oui, d'ailleurs, j'ai adoré le rôle de
Pierre Marsan dans "Les sarments de la révolte". Quand on tombe sur un film
comme ça, c'est merveilleux. De plus, Christian François est un très bon réalisateur.
Ce tournage est un très bon souvenir.
Et "Groupe flag" ?
- J'avais toujours refusé les
rôles récurrents jusque là... mais "Groupe flag" n'est pas vraiment un récurrent
comme les autres... C'est une histoire de 6 heures divisée en épisodes. C'est
pour ça que j'ai accepté le rôle d'autant plus que c'était assez excitant à
jouer.
Accepteriez-vous un autre rôle
récurrent dans une série du même genre ?
- Non. Je n'ai pas envie de
m'enfermer dans ce type de rôle.
Et si "Groupe flag" devait
durer aussi longtemps que "PJ" ou "Avocats et associés", auriez-vous envie de
continuer ?
- Je ne pense pas. Il y aura
probablement une suite et 6 nouveaux épisodes pour l'an prochain... mais rien
n'est encore confirmé.
Parmi tous vos rôles,
avez-vous des préférences ?
- Il y en a plein,
entre autres "La matiouette" d'André Téchiné, "Les jurés de l'ombre" de Vecchiali, sans oublier bien sûr "3 places pour le 26"
avec Yves Montand.
Au cours de votre carrière,
quelles sont les rencontres les plus importantes pour vous ?
- Il y en a également beaucoup, à
commencer par Barrault et parmi les réalisateurs : Jacques Demy, Téchiné et
Vecchiali.
Et la musique, avez-vous
complètement abandonné ?
- Non, je continue mais
uniquement pour mon plaisir... J'ai formé un petit groupe avec des copains et
nous faisons 5 ou 6 concerts par an dans des petites salles. On s'éclate
vraiment.
Entre les tournages et la
musique, avez-vous d'autres passions ?
- Oui, l'aviation. J'adore
piloter.
Vous avez commencé par le
Théâtre. Aimeriez-vous en refaire ?
- Oui, bien sûr, j'adore le
théâtre. En 2000, j'ai joué pendant 7 mois au Théâtre du Splendid une pièce qui
s'appelait "Le béret de la tortue" mise en scène par François Rollin, l'histoire
de 3 couples qui partent ensemble en vacances au bord de la mer... C'était une
aventure formidable. Je serai ravi de refaire du Théâtre.
Aimeriez-vous écrire ou
réaliser un film ou un court-métrage ?
- Oui, j'ai déjà écrit deux
scénarios et la réalisation me tente beaucoup. J'aimerais bien monter un
court-métrage.
Et pour terminer, quel conseil
donneriez-vous à un jeune qui veut devenir comédien ?
- Je lui conseillerai surtout de
rester en accord avec lui-même et d'être toujours fidèle à ses choix !