Interview du
4 décembre 2003
Propos
recueillis par Maryline Richer
C'est un grand honneur
aujourd'hui d'accueillir dans la cité des artistes : Henri Helman, un metteur en scène dont la carrière est
impressionnante. Il a dirigé Orson Welles, Tony Curtis, Peter Lawford... mais aussi les plus
grands acteurs français, d'Annie Girardot à Francis Huster en passant par
Georges Wilson et tant d'autres.
(voir filmographie d'Henri Helman)
Maître d'oeuvres, Henri Helman
est non seulement metteur en scène mais aussi scénariste, adaptateur et se partage depuis plus de vingt-cinq ans
entre le Cinéma, le théâtre et la télévision...
Des films sélectionnés à Cannes et à l'étranger, des 7
d'or pour la télévision ("L'Institutrice", "Nestor Burma", etc)...
Il
ne compte plus les récompenses. Il
est aussi le réalisateur de ces grandes sagas d'été
qui ont fait rêver la France entière... Souvenez-vous de
Tramontane,
de Méditerranée...
Aujourd'hui, son nouveau bébé s'appelle "Lagardère", un Lagardère
2003, nouvelle
version très réussie, grâce à l'oeil et au talent de ce "grand Artiste" !
Quand Michèle Podroznik,
(productrice TELFRANCE) vous a
contacté pour la réalisation de "Lagardère", avez-vous eu un temps
d'hésitation ?
- Non, j'étais trop
enthousiasmé par l'idée. En fait, le projet est
né sur le tournage de "Méditerranée". En voyant
Bruno Wolkowitch
dans la scène du bal masqué, nous avions déjà eu un déclic, Michèle
et moi : le faire tourner un film de cape et d'épée. Au départ, j'ai suggéré "Le
Capitaine Fracasse" mais la chaîne n'était pas particulièrement convaincue.
C'est Bruno qui a eu l'idée de Lagardère.
Qu'est ce qui vous excitait le
plus dans ce projet ?
- Un film d'époque... Un sujet
populaire... Pour un réalisateur, c'est le rêve !
Avez-vous eu le choix de tous
les
autres comédiens ?
- Oui, France 2 m'a laissé une
liberté totale et je tiens à remercier en particulier la productrice de la
chaîne : Cécile Roger-Machart qui m'a fait entièrement confiance.
En général, sur quels critères
choisissez-vous les acteurs ?
- Leurs qualités de comédien
priment, bien sûr ! Ensuite l'adéquation avec le personnage, puis leur notoriété.
Pour les rôles d'Aurore et
de Flore, vous avez engagé deux jeunes comédiennes totalement inconnues. Qu'est
ce qui a motivé votre choix ?
- Le casting a été très long.
Nous avons auditionné environ 200 jeunes filles. 15 ont d'abord été retenues sur
K7. Je les ai toutes rencontrées, les unes après les autres. J'en ai alors
sélectionnées 3 pour faire de nouveaux essais, cette fois en présence de Bruno.
J'ai trouvé que Clio représentait parfaitement la jeune fille pure dont nous
avions besoin pour le rôle d'Aurore et pour rendre plausible la fin.
Est-ce vous qui avez eu
l'idée de modifier le dénouement de l'histoire ?
- Non, c'était l'idée des
scénaristes.
"Lagardère" a été réalisé
avec un budget minimum et pourtant à l'écran, on ne s'en rend pas compte tant la
mise en scène est soignée et les acteurs bien en place. Comment avez-vous fait ?
- C'est un travail énorme.
Quelques
jours supplémentaires auraient effectivement été les bienvenus.
Mais je pense que la contrainte est source de création. C'est ensuite
l'imagination qui prend le dessus.
Combien de jours de tournage
aviez-vous ?
- Cinquante !
Comment se passait une
journée de tournage ?
- On se levait tous très
tôt, vers 5 ou 6 heures... Pour la transformation de Bruno Wolkowitch en bossu,
il fallait compter près de 3 heures de maquillage. Le tournage démarrait aux
alentours de 9h pour se terminer vers 19h, parfois plus... en fonction du plan
de travail.
Vous montez actuellement le
deuxième épisode de "Lagardère" pour France 2. Avez-vous une préférence entre
les deux versions ? (NDLR : La diffusion
de Lagardère aura lieu sur Canal + à Noël 2003 en une version de 140' et sur France 2,
en 2004, en
deux épisodes de 90')
- Chaque version a ses
qualités. La difficulté du montage est toujours de sélectionner les
scènes que l'on garde et celles que l'on enlève. Quand il y a deux versions,
c'est encore plus délicat.
On vous doit aussi les
grandes séries à succès : "Tramontane", "Méditerranée"... Aimeriez-vous renouveler
ce genre d'expérience ?
- Non, car j'en ai un peu fait le tour.
Mais en revanche, une grande saga en costumes, oui... Ca me tenterait vraiment !
Quels sont vos projets ?
- Je pars dans quelques
jours à l'île de la Réunion, en repérage, pour le prochain "Joséphine, Ange
gardien" dont le tournage débutera en février 2004. J'ai aussi en projet une
comédie pour TF1 avec Pierre Mondy et Line Renaud.
Votre emploi du temps est
donc très
bien rempli... Vous aviez déjà tourné des épisodes de "Joséphine"...
- Oui, ce sera mon 3ème
"Joséphine". J'aime diversifier les expériences mais je fais ce nouvel épisode
avec un immense plaisir. Je suis surtout ravi de retravailler avec Mimie Mathy.
C'est une femme adorable, généreuse et une excellente comédienne. Elle
est très appréciée du public et le public ne se trompe pas. "Joséphine" est une
jolie série. Je préfère tourner des oeuvres poétiques.
Vous avez aussi tourné
plusieurs séries policières...
- Oui, je suis même le créateur
de "Nestor Burma" ! Mais à présent, je préfère passer à autre chose,
apporter du rêve et du bonheur...
Vous avez dirigé Tony Curtis,
Orson Welles... Quel souvenir en gardez-vous ?
- Une très grande expérience
!!! Ce sont de vrais professionnels, au service de la création. Ils ont une
grande humilité et travaillent toujours avec beaucoup de rigueur.
Vous aviez déjà travaillé
avec Bruno sur "Méditerranée" et pour le Cinéma, vous avez
aussi un autre projet avec lui : "Fiorella".
Est-ce que cela signifie que vous aimez travailler avec les mêmes gens ?
- J'aime
plutôt
renouveler les rencontres. En ce qui concerne "Fiorella", j'ai pensé
à
Bruno car je le connais bien et il a la fragilité du personnage.
Mais pour le moment, hélas... Le projet est en attente.
Est-ce qu'il y a des
comédiens avec qui vous n'avez encore jamais travaillé et que vous aimeriez
mettre en scène ?
- Oui, il y en a beaucoup ! Je
pense à Isabelle Gélinas, Jean-Pierre Bacri, Nathalie Baye, entre autres !
Vous me parlez de votre
métier et de votre travail avec une réelle passion... Pouvez-vous me dire à quel
âge vous est venue cette envie de devenir réalisateur ?
- J'avais 12 ans lorsque j'ai dit à mes
parents que je voulais être réalisateur ! Je n'ai jamais changé d'avis par la
suite !!! J'étais à l'époque élève au lycée Henri IV et tous
les soirs, en sortant, j'allais à la cinémathèque. Je voyais plein de films, avec un certain
engouement pour les films russes. J'ai même eu l'idée d'entrer à l'institut de
Cinéma de Moscou mais les longues années d'études m'ont découragé. Je suis parti
aux Etats-Unis où j'ai étudié le Cinéma à l'Université de New York. A mon retour
à Paris, j'ai commencé à travailler grâce à Michel Bouquet et avant
de pouvoir faire mes propres films, j'ai été l'assistant de grands réalisateurs
comme Claude Chabrol, Marcel Carné, Michel Audiard...
Bravo pour ce magnifique parcours,
pour tous ces films et téléfilms qu'on aime voir et revoir... Encore bravo pour
"Lagardère" et un grand
merci d'être passé par "la Cité des artistes" !
Propos recueillis par MARYLINE
RICHER
Interview du 4 décembre 2003 pour
www.citeartistes.com
(REPRODUCTION INTERDITE)

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