Devenu un habitué de la Cité des Artistes,
Dominique Guillo nous tient
régulièrement au courant de son actualité et c'est toujours un plaisir de le
recevoir. En début d'année, déçu par l'arrêt de "La Crim", l'acteur nous
confiait son envie de remonter sur les planches. Quelques mois plus tard, son souhait
se réalise avec "Les
Héritiers". Depuis le mois de juin, la pièce triomphe chaque soir et Dominique est comblé
par ce succès...
Après avoir enchaîné durant plusieurs années les tournages de
nombreux
téléfilms et séries TV... Tu renoues avec le théâtre. Est-ce que ça te manquait ?
- J'étais monté sur scène au Bataclan durant six
mois pour tenir le rôle principal de la Comédie musicale "Mégalopolis" mais en
termes exacts de théâtre, je piétinais d'envie d'en refaire. J'ai donné la
priorité aux tournages pendant 8 ans et loin de le regretter !
Aujourd'hui, on me propose des rôles beaucoup plus ambitieux qu'avant !
Cela prouve que la
télévision a énormément d'impact. Comment vis-tu ce retour sur les planches
?
- C'est un
bonheur ! Mes journées sont remplies car quand on est au théâtre tous les
soirs, quoiqu'on fasse le reste du temps, on ne pense qu'à ça. J'ai donc bien de
la chance d'avoir ce genre d'obsession ! La pièce remporte un énorme succès et
ce rendez-vous quotidien avec une salle qui rit pendant 1h40... C'est un
véritable cadeau !
Quand on t'a proposé le rôle, qu'est-ce qui t'a le plus séduit ?
- C'est avant tout l'énergie du personnage qui m'a
séduit... J'ai l'honnêteté d'avouer que ce n'est pas son parcours qui m'a sauté
aux yeux mais bien son énergie ! Les metteurs en scène Olivier Macé et
Jean-Pierre Dravel m'ont proposé la pièce et m'ont envoyé le texte par un mail
que j'ai ouvert à deux heures du matin, en plein tournage quotidien de "La Crim".
Ce soir-là, je revenais d'un spectacle au Casino de Paris dont je faisais
l'ouverture avec des chansons d'Herbert Pagani. J'étais par conséquent dans une
forte énergie de travail. Il fallait absolument que ce projet ne soit pas en
dessous de cette énergie là. Ce qui m'a séduit également, c'est le fait de revenir au
théâtre avec un "rôle double" tout comme ceux que l'on m'a confiés pendant ces dernières années à la télévision. Je n'ai
d'ailleurs jamais su véritablement pourquoi... (rires "doubles" justement...)
Cet été, tu tournais une nouvelle et dernière
saison de "La Crim" que nous verrons en 2006... Et fin août, tu enchaînais
avec un autre téléfilm. N'est-ce pas difficile de jouer tous les soirs au
théâtre et d'être prêt à tourner le lendemain matin à 9 heures ?
- C'est une vie de fou !!!
Vraiment !!! Lorsque j'ai accepté la pièce, j'ai aussi accepté que les mois à
venir allaient être déroutants. C'est honnêtement une chose que j'espérais vivre
depuis des années. Tourner la journée et jouer le soir ! Une vraie journée
d'acteur, quoi !!! Une journée qui se termine en nous rappelant qu'on a la
chance de faire ce métier sous ses deux formes et que demain nous réserve le
même sort et ainsi de suite au fil des semaines. Un vrai bonheur !!! Mais c'est
réellement une vie de fou ! C'est 3 heures de sommeil, 5 nuits par semaine... Et
une somme colossale de travail face à une fatigue croissante. C'est enivrant de
manière croissante aussi... A tel point qu' à un certain moment, il faut savoir
s'arrêter ! J'admire notre maître à tous sur ce genre
de cumuls : Pierre Arditi, que j'embrasse fort s'il me lit, au passage.
Je sais combien tu étais malheureux d'arrêter
"La Crim". Comment s'est passé le tournage de la dernière saison ?
- Dans "dernière saison", il y a "dernière" de
toutes les façons. Ce qui n'annonce généralement rien de bien à quelqu'un comme
moi qui déteste tant les fins. De quoique ce soit... Et puis c'est aussi la
tristesse de finir une aventure humaine. C'est comme un grand moment de solitude
! Les 3 "garçons" que nous étions, Jean-François Garreaud, Didier Cauchy et moi,
ne nous sommes pas sentis très compris dans cette tristesse. C'est la vie...
C'est les gens...
En effet, quand on travaille pendant 7 ans avec
les mêmes personnes, des liens se créent et sur "La Crim", c'était le cas, je suppose
?
- Oui... C'était une famille en quelque sorte.
Avec des parents, plus ou moins éloignés que d'autres, mais une vraie famille
avec pour patronyme : "Crim". Il y a dans cette famille des acteurs, des
maquilleuses, des coiffeuses, des scriptes, des réalisateurs, des machinos, des
électros, etc... C'est une belle aventure humaine, oui, vraiment ! Avec un point
commun entre nous tous : "On a "fait" la Crim ensemble !
Depuis, tu as tourné un autre téléfilm. Que
peux-tu dire de ce nouveau rôle ?
- Jean-Pierre Prévot, l'un des réalisateurs de "La
Crim" m'a proposé de jouer un guest dans un épisode de la série "Léa Parker"
dont il est devenu à présent le réalisateur. C'est une fois de plus un rôle...
double ! Ca continue... Je joue le patron de la maman de Léa Parker. Ce patron
assez abusif et dangereux détourne des millions d'euros par des manoeuvres
immobilières. Il tient en otage la mère de Léa incarnée par France Zobda. Et
durant tout l'épisode, il la menace de mort si elle ne l'aide pas dans ses
projets... Amusant à jouer !
Nos
sondages le prouvent : tu es l'un des
acteurs les plus appréciés des téléspectateurs. Est-ce que ça te fait plaisir ?
- Oui, j'ai vu les sondages !!! Je ne m'étends
même pas sur ce que je pourrais en dire. Les mots me manquent pour exprimer ma
surprise et... Comme ça fait plaisir !!!
Peux-tu me dire ce que tu ressens lorsque des
gens te reconnaissent dans la rue et te demandent des autographes ?
- C'est très étrange de pouvoir croiser des
regards qui ne sont pas en accord immédiat. Une personne me regarde parce
qu'elle me connaît et moi, je la regarde parce qu'elle me regarde. Je n'ai
jamais eu d'intervention négative de personne. Jamais ! Que des regards, des
mots, des autographes avec la plus grande gentillesse. Ca me touche beaucoup. Au
tout début de ce phénomène étrange, je ne savais pas gérer mon attitude. Par
exemple, les jours de tristesse, lorsqu'on m'abordait dans la rue, sans jamais
avoir été "odieux", j'écourtais vraiment... Aujourd'hui, quand je me sens
triste, cette gentillesse tombe au contraire comme de petits cadeaux dans la
journée.
Nous avions organisé récemment un
concours qui
a permis à l'une de tes admiratrices de te rencontrer. (Encore merci de ta
participation !!!) Rencontrer le public... C'est une chose que le
Cinéma et la télévision rendent difficile. Le théâtre permet plus
facilement le contact avec les spectateurs. Est-ce que ça te rend heureux
d'entendre les réactions dans la salle et de rencontrer les gens qui t'attendent
à la sortie pour te féliciter ?
- Au théâtre, en effet, la magie réside
dans le fait que tout se fait devant des téléspectateurs réels. Quel bonheur !
Quand des gens m'attendent à la sortie pour me manifester leur plaisir de
me voir en chair et en os, je leur réponds que moi aussi, je suis heureux de les
voir "en vrai", et non simplement par des chiffres de médiamétrie. Chaque fois,
ce sont des mots gentils, des caresses discrètes, des baisers, des photos
furtivement enlacés... Qui ne serait pas sensible à ces manifestations de
gentillesse ? Et pour moi, ça tombe bien... J'ai exactement besoin de cela
aujourd'hui... (Silence)
Quel est le film ou le rôle dont les gens te
parlent le plus souvent ?
- C'est assez étonnant, ça aussi ! Depuis
maintenant quelques années, les gens me parlent d'un grand nombre de films bien
antérieurs pourtant. On dirait que tout leur revient d'un seul coup ! J'ai même
découvert un blog qu'une jeune fille a fait sur moi et qui compte des détails
incroyables. Je me dis dans ces moments-là que toutes ces années ont servi à
fabriquer des souvenirs à plein de gens. C'est un peu idéaliste mais assez joli
à espérer... Bien sûr, on me parle plus fréquemment de Sisko, des "Moissons de
l'océan", bien sûr, de "Double vue" mais au fil des mois, j'entends de plus en
plus souvent parler de "Mégalopolis", de "La Nuit de Valogne", la première pièce d'Eric-Emmanuel
Schmitt, de "Rachel et ses amours", du "Rêve d'Esther" et des
"Insaisissables"... Ca réchauffe le coeur d'être dans celui de tant de
personnes.
Et toi, de tous tes rôles, as-tu des
préférences ?
- Je ne peux vraiment pas répondre... A part
quelques rôles qui m'ont laissé indifférent et dont je ne parlerai pas. Sinon,
tous se sont inscrits à un moment précis où ils prenaient leur importance :
Sacha dans "Le Rêve d'Esther", ce chef d'entreprise mythomane dans "On ne
choisit pas sa famille", Tony de "Mégalopolis", le localier de "L'Eveil
Hebdo"... Je remercie déjà le destin de me les avoir donnés... C'est un peu
comme "mes enfants". Je n'ai pas de préféré.
La pièce "Les Héritiers" continue au moins
jusqu'à fin novembre... As-tu d'autres projets ?
- Dans les prochains jours, je vais proposer un projet
de série pour la télévision avec Didier Cauchy et Alexandra London... Si je n'en
reparle pas dans une prochaine interview... CHUT !!! (rires...) Et puis "Les
héritiers" étant prolongés, cela me laisse aussi le temps de chercher vraiment
un théâtre et une production pour monter "Le deuxième rendez-vous", une pièce à
deux personnages que j'ai écrite et que je jouerai avec Nicolas Vaude. (lire interview
précédente) Je sais aussi qu'un auteur
écrit pour moi une fiction sur un personnage énorme que j'adore et que nous
proposerons bientôt. Je ne peux en dire plus pour le moment !!! Oui, c'est vrai ! Pendant notre interview, mon
téléphone a beaucoup sonné... J'ai la chance d'avoir de très bons amis... Mais
pas un coup de fil professionnel ! Alors, pour ne pas laisser cette attente
m'angoisser trop, c'est un peu moi qui vais vers les décideurs... Mais ce n'est
toujours pas moi qui décide ! (rires...)
Je suis certaine que ton téléphone ne va pas
tarder à sonner !!! (rires...) Et que de nouveaux projets vont se concrétiser
très vite... Tu connais l'adresse de la Cité des Artistes... Alors, reviens
aussi vite que possible !!!