Interview du 12 avril 2011
Propos recueillis par Maryline Richer
Souriant, décontracté, Stéphane Hénon est un comédien
heureux qui se glisse aisément dans celle de ses personnages. En une vingtaine
d'années de
métier, alternant le Théâtre et de nombreux rôles pour le Cinéma et la
télévision... Il a toujours rêvé de devenir un acteur populaire. Pari réussi. Depuis 2007, il incarne le lieutenant Boher dans la série à succès "Plus
belle la vie"... Quelques semaines ont suffi pour
qu'il en devienne l'un des héros phares... Un flic
quelque peu raciste mais avant tout un personnage humain et sincère
à qui le comédien a su transmettre toute sa spontanéité.
Stéphane Hénon n'est pas arrivé dans la
Cité des Artistes par hasard. La rencontre s'est
faite par le biais d'Hervé Korian, un ami commun qui de plus est un
talentueux
scénariste... Et Stéphane et moi, avions autant l'un que l'autre envie de le
citer aujourd'hui...
Au fait, comment vous êtes vous
rencontrés, Hervé et toi ?
- C'est une longue histoire
d'amitié qui dure depuis quinze ans. A l'époque, je jouais dans "Les Enfants
de John" une série diffusée sur la Cinquième. Hervé faisait partie du pôle
d'auteurs. J'avais tout de suite repéré la qualité de ses
scénars qui se distinguaient des autres. Au cours d'un épisode, il a évoqué
Cyrano, un personnage dont j'ai toujours apprécié les valeurs... J'avais de
plus en plus envie de faire sa connaissance. J'ai pris contact
avec lui et nous nous sommes rencontrés. L'entente a été immédiate. Quand il venait à
Paris, on démarchait ensemble nos projets... Malheureusement, les hasards du
métier font que nous n'avons pas souvent eu l'occasion de travailler ensemble.
Mais on y pense...
Depuis le début de ta carrière,
quelles sont les rencontres qui t'ont le plus marqué ?
- Au Théâtre, j'ai beaucoup
travaillé avec Robert Hossein dont le fameux "Cyrano de Bergerac" avec
Jean-Paul Belmondo, un grand acteur étonnant de simplicité. Belmondo est
pour moi un modèle.
Pour en revenir à "Plus belle la
vie", comment es-tu arrivé sur la série ?
- Comme la plupart des comédiens,
par casting. En fait, le personnage pour lequel je postulais au départ
n'était pas Boher mais Geoffrey Monthoiry, un agent immobilier qui n'est resté que quelques semaines.
Pour ce rôle, je m'étais présenté en costume, cravate... Les essais
s'étaient plutôt bien passés et pourtant, une semaine après, on m'appelait
pour m'annoncer que je ne correspondais pas au rôle et qu'ils avaient
finalement choisi un comédien plus jeune. Par contre, on me proposait de
jouer un flic raciste qui devait lui aussi partir au bout de deux mois. Je me suis vite pris
d'affection pour ce personnage et en accord avec les auteurs, j'ai apporté à
Boher ma petite touche perso... J'ai essayé de le rendre plus humain, de lui
faire boire du lait plutôt que de la bière, de lui rajouter une grande part
d'humour... Plein de petits détails qui en ont fait ce râleur au
grand coeur que les gens aiment bien. Jean-Paul Boher est un mec simple qui ressemble,
je pense, à beaucoup de
français... A ma grande surprise, j'ai très vite reçu du courrier. Des blogs
se sont créés... Cet enthousiasme du public a certainement convaincu les
décideurs. Du coup, le rôle a pris de l'ampleur et au bout de deux mois, il
n'était plus question de virer Boher du commissariat... Au contraire... Voilà
bientôt quatre ans que l'aventure se poursuit... Et c'est un vrai bonheur !
N'as-tu
jamais eu envie d'arrêter la série ?
- Non, jamais. Dans ce rôle, il y a
tellement de choses différentes à jouer. A aucun moment, je n'ai ressenti la moindre lassitude et sur chaque
scène, j'éprouve du plaisir. Nous avons aussi la chance de travailler dans
une excellente ambiance. Il y a une vraie motivation au sein de
l'équipe et je pense que cette harmonie de groupe contribue au succès et à la longévité de la
série.
Avant "Plus belle la vie", tu as
beaucoup joué au Théâtre... As-tu une préférence ?
- J'adore le Théâtre effectivement.
Mais j'aime avant tout mon métier et pour moi, il n'y a aucune différence.
Je trouve que "Plus belle la vie" se rapproche du théâtre car
les scènes sont filmées en plan séquence. On se retrouve un
peu dans les mêmes conditions sauf que l'on ne joue pas face à
un public mais devant une équipe technique. Et
puis, comme au Théâtre, il y a ce même esprit de troupe...
L'histoire d'amour entre Boher
et Samia passionne les téléspectateurs... Peux-tu nous faire quelques
confidences sur la suite de leurs aventures...
- Oui, je pense que je peux
l'annoncer. Je n'ai pas encore lu les scénars mais j'ai appris que Boher et Samia
allaient bientôt se marier.
Comment expliques-tu le succès de
ce "couple" ?
- Là encore, les choses se
sont faites naturellement. Avec Fabienne Carat (Samia), nous avons tout de suite
sympathisé sur le
tournage et comme nous avions beaucoup de scènes ensemble, nous avons un peu
joué de cette complicité qui n'a échappé ni au public ni aux scénaristes.
C'est cette même complicité amicale qui a permis de faire évoluer le
personnage de Jean-François Leroux. Son interprète,
Jean-François Malet
faisait des figurations depuis 2006 dans la série. Petit à petit, notre "duo"
s'est fait remarquer et il s'est vu confier des scènes plus importantes. Désormais, non seulement
il a un vrai rôle dans "Plus belle la vie" mais il commence à décrocher des
rôles dans d'autres films. C'est une très belle aventure pour lui. Et je
suis sûr que sa carrière d'acteur ne fait que commencer...
As-tu d'autres projets ?
- Avec "Plus belle la vie",
mon
emploi du temps est plutôt bien rempli... Je tourne en moyenne trois jours
par semaine mais j'ai la chance de pouvoir
faire autre chose à côté. J'ai tourné récemment avec Fabienne Carat une série en dix épisodes de
dix minutes qui s'intitule "Inextremis". Il s'agit d'une pièce adaptée pour
le web. Les tournages de "Plus belle la vie" ne bloquent en aucun cas les
autres projets des acteurs. Déjà, il y a trois ans, alors que j'étais encore nouveau
dans la série, j'ai joué un "One-man show" mis en scène par Eric Hénon. La pièce s'appelait "D'habitude, j'me
marie pas". Je l'ai jouée pendant trois mois à Paris et ensuite en tournée.
Entre la pièce et les tournages, je jonglais sans cesse avec mon emploi du
temps. Pour un acteur, c'est une chance de travailler autant. Ce rythme de
vie me convient parfaitement.
Pour ceux qui ne connaissent pas
Eric Hénon, peux-tu nous en parler ?
- Bien sûr, Eric est mon frère
jumeau et nous partageons la même passion pour ce métier. Très jeunes, nous
étions déjà passionnés de Cinéma, lui et moi.
La comédie, c'est en quelque
sorte, un rêve de gosse ?
- Oui, j'ai toujours rêvé de
devenir acteur. Dès l'âge de 18 ans, j'ai commencé à prendre des cours et
j'ai débuté au Théâtre. Entre temps, j'enchaînais les castings et je
décrochais des petits rôles dans des séries. Eric a toujours été davantage
attiré par la mise en scène. Il a pas mal de pièces à son actif : "Que
ça reste entre nous", "Comment trouver l'âme soeur", "Le Vison voyageur" et
tant d'autres... Il travaille beaucoup lui aussi.
Vous avez déjà
travaillé ensemble à plusieurs reprises ?
- Oui. Il y a quelques années, il a
mis en scène "Le Carton", pièce dans laquelle j'ai joué pendant trois ans et
qui a obtenu un beau succès. Nous avons enchaîné 730
représentations, d'abord au Lucernaire, ensuite à la Comédie de Paris pour
finir au Théâtre des Variétés. C'est l'un de nos plus beaux souvenirs
communs.
Avez-vous été bercé dans cet
univers ?
- Non. Nos parents
n'étaient pas du tout dans ce métier. Mais nous avions cette passion en
nous.
Je crois savoir également que tu es
très attiré par la réalisation...
- Absolument. J'ai un
projet de long métrage avec Hervé Korian. On y travaille... Le temps
fera le reste... J'ai aussi un projet de pièce mais il est encore un peu tôt
pour en parler...
J'espère que ces projets se
réaliseront très vite et te donneront l'occasion de revenir bientôt
dans la Cité des Artistes...
Propos recueillis par MARYLINE
RICHER
Interview du 12 avril
2011 pour
www.citeartistes.com
(Reproduction interdite)
Autres interviews